Philippe Sauve vient d'achever l'écriture d'un nouveau livre, intitulé "Le Grand Voyage".
Il est à la recherche d'un nouvel éditeur...
Résumé / Le Grand Voyage n'a pas de destination géographique. Son tracé ne se trouve pas sur une mappemonde. Vous n'aurez pas à acheter un billet d'avion ni à faire vos valises. Aucun visa ne vous sera demandé le jour du départ. L'apprentissage d'une langue exotique ou la vaccination contre une fièvre redoutable ne sont pas nécessaires dans vos préparatifs. Le voyage ne vous coûtera pas un centime. C'est l'aventure la plus accessible et merveilleuse qu'un individu puisse accomplir. Nous sommes tous prêts à nous y engager. Il nous suffit pour cela de fermer les yeux.
EXTRAIT
Chapitre 4
THICH QUANG DUC
"...« Avant de clore les yeux et de me diriger vers la vision du Bouddha, j'implore respectueusement le président Ngô Dinh Diêm de faire preuve de compassion auprès de tous les membres de la Nation, et d'instaurer le principe de l'égalité religieuse, afin de maintenir éternellement la force de notre pays. Je demande aux moines et aux nonnes ainsi qu'aux membres laïcs du Sangha, d'être solidaires entre eux et de tout faire pour protéger le bouddhisme. »
L'action d'un être éveillé a bouleversé l'humanité le mardi 11 juin 1963, à 9h17, dans les rues de Saigon. Le bonze vietnamien Thich Quang Duc a été en capacité consciente de « se diriger vers la vision du Bouddha », tandis que son corps brûlait et se dispersait en cendres. L'immolation volontaire du moine n'a pas seulement servie à des fins politiques ou religieuses, elle a révélé à une multitude d'êtres humains leurs capacités propres. Quel chemin la conscience du moine a-t-elle emprunté pour ainsi se rendre à la vision du Bouddha, sans que les sens physiques ne le contraignent à la fuite ou à un hurlement de souffrance ? « Je ne sais pas exactement quand il est mort, raconte le photographe, c'était impossible à dire en regardant son visage. Il n'a poussé aucun cri de douleur. » « Ses traits ont gardé leur apaisement jusqu'à ce qu'ils soient si noircis par les flammes qu'on ne puisse plus les distinguer. »
Thich Quang Duc a fermé les yeux, mis en veille ses sens physiques et son libre arbitre l'a fait se mouvoir vers la vision du Bouddha. Une mise en veille des outils sensoriels est évidente, car sans cela le moine n'aurait jamais pu garder un visage paisible. Il s'est déplacé consciemment vers les portes de la mort et les a franchies durant la combustion de son corps, sans doute avant que celui-ci ne s'écroule. L'être éveillé de Saigon a été en mesure de se libérer des contraintes physiques et d'accéder au stade de l'après mort. Le passage emprunté volontairement par l'homme n'induit-il pas une continuité entre la vie et la mort ? Dans la mouvance consciente du moine, pourquoi imaginer qu'il se serait soudainement buté au néant. La vision du Bouddha n'était certainement pas un mur sans rien derrière.
Nous aurions aimé que Thich Quang Duc nous raconte son voyage. Qu'est-ce que la vision du Bouddha ? Nous ne le savons pas, mais nous pourrions le savoir, car nous disposons de la même machine. La nature nous a fabriqué à l'identique. Jésus et le bonze étaient des hommes avant tout. Nous possédons l'aptitude volontaire et maîtrisable d'un départ dans ce que nous nommons la mort. Le moine nous révèle nos propres capacités, le pourcentage élevé de nos aptitudes en sommeil, que nous découvrirons si nous optons pour une compréhension du fonctionnement de notre machine, et non pour son abandon aux divertissements du monde extérieur. Le moine a consacré sa vie à la voie de la conscience. Les occidentaux abandonnent le combat avant même de monter sur le ring de l'éveil. Quelque soit notre niveau, le combat doit être mené, car il représente l'unique but de la vie. Ne désespérez pas d'atteindre les hauts sommets de l'Everest, ravissez-vous déjà de la progression de votre ascension.
Nous pouvons comparer notre conscience à celle éveillée du bonze vietnamien.Nous l'avons déjà évoqué, nous sommes des matières vivantes identiques, munies des mêmes outils sensoriels. L'unique différence réside dans l'aspect de l'oeuvre que nous avons bâtie en nous. Pour le moine elle est une cathédrale, alors que pour nous elle ressemble à une cabane en désordre. La comparaison ne se mesure pas sur une échelle. Nous pourrions imaginer que le moine a atteint la dernière marche. Nous n'avons pas à gravir des échelons, mais à assembler un puzzle. Chaque partie du puzzle est une brique à notre édifice. Quand nous aurons, si notre vie terrestre dure suffisamment, fini d'assembler les pièces, nous pourrons comme le moine nous mouvoir consciemment vers la vision du Bouddha."
Manuscrit déposé à la S.A.C.D.
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